Toi et moi ça fait deux



Véronique Barthe, en prenant en compte le double héritage de l’art conceptuel et du pop art, met en tension deux attitudes contradictoires, iconoclaste et iconophile, deux positions antinomiques. Si le texte-concept est substitué à l’image, les mots, l’énoncé peuvent de la même manière se transformer en icône. Jeux de mots et jeux typographiques, dynamisation du signifiant et mise en page dynamique des signes consomment à la fois une double défaite, un double triomphe, et produisent une équivalence entre les médiums, le langage et la peinture, pour le seul bénéfice de l’effet pictural du texte, de l’impact sémantique du tableau. Les codes de la communication, l’efficacité de ses slogans, de sa signalétique sont détournés et mis au service de l’expression d’une parole intime et pudique, naïve et lucide, ordinaire et poétique, appartenant au langage commun, appartenant à la banalité du langage amoureux. Clichés, détournements d’expressions toutes faites, messages construits sur des homophonies, combinés à des figures symboliques ou des motifs abstraits, qui ont force d’idéogrammes, forment une suite d’avertissements tragi-comiques, d’adresses à soi-même et à l’autre, qui nous parlent et nous font signe. La démarche de Véronique Barthe engage, ainsi, un travail sur les écritures se concentrant sur le psychologique intime et explorant les relations amoureuses, la gamme contradictoire et cyclothymique de ses sentiments intérieurs, de ses états d’être.



Danielle Delouche